Bilan économique 2014 de l'Aquitaine

En Aquitaine comme en France, l'année 2014 a été difficile. L'économie française croît faiblement (+ 0,2 % pour le produit intérieur brut). Au niveau régional, la plupart des indicateurs sont en repli. Toutefois quelques signes laissent espérer une amélioration pour 2015.

Insee Conjoncture Aquitaine
Paru le :Paru le29/05/2015
Philippe Guérin de Tourville, Direction régionale des Douanes de Bordeaux - Pôle action économique
Insee Conjoncture Aquitaine- Mai 2015
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En 2014, le solde commercial de l’Aquitaine devient déficitaire

Philippe Guérin de Tourville, Direction régionale des Douanes de Bordeaux - Pôle action économique

En 2014, les exportations en Aquitaine se replient encore davantage alors qu’elles se stabilisent au niveau national : elles chutent de près de 6 % par rapport à l’année 2013, année déjà marquée par un recul de 4 % par rapport à 2012. La tendance baissière impacte également les importations, en diminution de 3 % après un léger rebond en 2013. Cette contraction plus accentuée des exportations creuse lourdement le solde habituellement excédentaire de la région. Au terme de l’année 2014, les échanges commerciaux de l’Aquitaine enregistrent un déficit de 385 millions d’euros. La dégradation touche notamment les secteurs phares des ventes. Dans ce contexte difficile, l’Espagne redevient le partenaire essentiel du commerce régional.

Insee Conjoncture Aquitaine

No 5

Paru le :29/05/2015

Un commerce extérieur régional à la peine

En 2014, l'Aquitaine réalise 2,9 % des exportations et 2,5 % des importations nationales et se maintient au douzième rang des régions françaises, à l’export comme à l’import. Ses importations reculent de près de 3 % après une légère progression en 2013 (+ 0,4 %) (figure 1).

Figure 1Évolution trimestrielle des importations en valeur (CAF, hors matériel militaire)

Indice CVS base 100 moyenne 1994
Évolution trimestrielle des importations en valeur (CAF, hors matériel militaire) (Indice CVS base 100 moyenne 1994)
Aquitaine France
T1 2000 180,5 158,5
T2 2000 196,9 164,7
T3 2000 211,0 175,7
T4 2000 226,3 184,1
T1 2001 209,1 177,8
T2 2001 197,0 177,8
T3 2001 194,8 172,2
T4 2001 183,3 166,9
T1 2002 185,0 170,1
T2 2002 196,9 170,9
T3 2002 184,9 170,7
T4 2002 176,2 168,0
T1 2003 191,3 172,4
T2 2003 168,3 166,4
T3 2003 168,1 165,5
T4 2003 167,9 170,3
T1 2004 175,4 172,5
T2 2004 186,2 176,1
T3 2004 197,8 184,1
T4 2004 213,7 188,7
T1 2005 211,2 188,7
T2 2005 201,1 193,4
T3 2005 209,0 202,6
T4 2005 225,3 210,5
T1 2006 209,3 216,3
T2 2006 229,8 220,3
T3 2006 225,2 222,7
T4 2006 218,3 221,8
T1 2007 228,0 223,8
T2 2007 234,8 233,0
T3 2007 236,0 236,4
T4 2007 244,2 241,1
T1 2008 271,8 248,6
T2 2008 285,7 251,6
T3 2008 264,1 254,2
T4 2008 251,0 230,0
T1 2009 213,4 203,0
T2 2009 191,3 197,9
T3 2009 216,2 200,8
T4 2009 232,4 211,6
T1 2010 235,5 216,1
T2 2010 254,4 226,6
T3 2010 258,6 239,0
T4 2010 258,0 239,8
T1 2011 292,7 256,8
T2 2011 294,3 257,3
T3 2011 302,7 261,1
T4 2011 304,4 258,9
T1 2012 291,7 265,1
T2 2012 275,7 264,9
T3 2012 283,6 262,7
T4 2012 284,7 260,0
T1 2013 280,0 256,7
T2 2013 299,9 257,6
T3 2013 285,4 257,8
T4 2013 276,2 256,0
T1 2014 280,2 254,3
T2 2014 282,0 253,0
T3 2014 273,4 254,2
T4 2014 273,5 252,1
  • Source : Direction régionale des Douanes de Bordeaux

Figure 1Évolution trimestrielle des importations en valeur (CAF, hors matériel militaire)

  • Source : Direction régionale des Douanes de Bordeaux

À l’exportation, le constat est encore plus sévère puisque la baisse est de 6 %, après – 4,3 % en 2013 et – 2 % en 2012 (figure 2). Cette chute des exportations déséquilibre les échanges de l’Aquitaine, jusque-là excédentaires, qui enregistrent un déficit de 385 millions d’euros en 2014.

Figure 2Évolution trimestrielle des exportations en valeur (FAB, hors matériel militaire)

Indice CVS base 100 moyenne 1994
Évolution trimestrielle des exportations en valeur (FAB, hors matériel militaire) (Indice CVS base 100 moyenne 1994)
Aquitaine France
T1 2000 175,1 157,0
T2 2000 187,4 163,2
T3 2000 182,8 169,4
T4 2000 210,3 175,7
T1 2001 200,0 173,9
T2 2001 190,6 173,2
T3 2001 185,6 171,8
T4 2001 192,5 166,7
T1 2002 189,8 167,1
T2 2002 188,3 172,7
T3 2002 190,3 170,9
T4 2002 178,4 167,9
T1 2003 175,1 168,0
T2 2003 174,1 164,4
T3 2003 175,0 164,2
T4 2003 172,2 172,2
T1 2004 173,3 169,7
T2 2004 180,0 171,2
T3 2004 177,9 173,8
T4 2004 183,7 175,6
T1 2005 180,4 173,9
T2 2005 174,1 178,3
T3 2005 171,8 185,8
T4 2005 180,8 190,9
T1 2006 194,3 196,8
T2 2006 197,3 201,2
T3 2006 199,6 201,6
T4 2006 205,8 202,4
T1 2007 197,8 201,1
T2 2007 205,4 207,4
T3 2007 208,9 209,0
T4 2007 211,1 210,6
T1 2008 220,3 219,5
T2 2008 235,9 215,8
T3 2008 219,9 216,0
T4 2008 203,2 199,6
T1 2009 193,2 172,8
T2 2009 179,2 170,5
T3 2009 188,7 179,4
T4 2009 187,6 178,5
T1 2010 202,6 187,2
T2 2010 204,2 195,0
T3 2010 211,9 204,9
T4 2010 206,6 206,3
T1 2011 201,7 210,1
T2 2011 216,6 211,9
T3 2011 211,6 218,5
T4 2011 222,1 220,0
T1 2012 219,9 221,8
T2 2012 210,5 223,0
T3 2012 202,7 226,8
T4 2012 204,9 223,7
T1 2013 202,6 218,4
T2 2013 202,0 222,3
T3 2013 203,7 221,5
T4 2013 196,0 218,6
T1 2014 192,0 218,4
T2 2014 187,3 219,2
T3 2014 188,5 220,1
T4 2014 189,8 225,2
  • Source : Direction régionale des Douanes de Bordeaux

Figure 2Évolution trimestrielle des exportations en valeur (FAB, hors matériel militaire)

  • Source : Direction régionale des Douanes de Bordeaux

Les exportations des produits phares en mode dégradé

En 2014, l'Aquitaine exporte pour 12,3 milliards d'euros. Six années auparavant, ses exportations s’élevaient à 14 milliards d’euros.

Ce mauvais résultat est dû pour l’essentiel à la détérioration des ventes dans les trois secteurs clés des exportations  : boissons (– 15 % en 2014, après – 6 % en 2013), aéronautique et spatial (– 21 %, après – 5 %), produits de la culture et de l’élevage (– 9 %) (figure 3).

Figure 3Exportations et importations par produits en Aquitaine en 2014

Exportations et importations par produits en Aquitaine en 2014
Nomenclature agrégée A17 Exportations Importations
2014(millions d'euros) Évolution 2014/2013 (%) Part (%) 2014(millions d'euros) Évolution 2014/2013 (%) Part (%)
AZ Produits agricoles, sylvicoles, de la pêche et de l'aquaculture 1 201 - 8,3 9,8 650 - 0,1 5,1
dont produits de la culture et l'élevage 1 136 - 8,5 9,3 530 - 2,2 4,2
C1 Produits des industries agroalimentaires (IAA) 3 128 - 11,0 25,5 1 319 - 0,1 10,4
dont boissons 2 017 - 15,5 16,4 320 - 6,6 2,5
C2 Produits pétroliers raffinés et coke 30 909,7 0,2 1 999 - 20,5 15,8
C3 Équipements mécaniques, matériel électrique, électronique et informatique 784 - 0,5 6,4 1 669 - 2,8 13,2
C4 Matériels de transport 2 252 - 10,7 18,3 1 928 8,7 15,2
dont produits de la construction aéronautique et spatiale 1 679 - 20,7 13,7 842 10,3 6,6
C5 Autres produits industriels 4 611 0,6 37,6 4 928 1,1 38,9
DE Hydrocarbures naturels, autres produits des industries extractives, électricité, déchets 228 - 11,0 1,9 112 - 8,2 0,9
Autres (produits de l'édition, plans techniques, objets d'art, …) 45 - 15,8 0,4 72 - 0,2 0,6
Ensemble 12 278 - 5,8 100,0 12 678 - 2,8 100,0
  • Note : Les importations sont comptées en valeur CAF (coût, assurance, fret), les exportations FAB (franco à bord), les données ne comprennent pas le matériel militaire.
  • Source : Direction régionale des Douanes de Bordeaux, Exploitation base de données BEANET d'avril 2015

Les exportations de vins chutent globalement de 16 %. La baisse affecte la plupart des principaux pays destinataires et notamment le Royaume-Uni (– 40 %), premier client de l’Aquitaine pour ce produit. Les boissons alcooliques distillées sont elles en recul de 4 %, avec un effondrement des ventes vers les États-Unis et la Chine.

S’agissant des commandes aéronautiques, les principaux clients ont également réduit leur demande, et en premier lieu les États-Unis (– 18 % par rapport à 2013), ce pays représentant à lui seul 72 % des exportations régionales dans ce secteur.

Les ventes de produits de la culture et de l’élevage baissent également en Aquitaine, comme au niveau national, dans un contexte d’abondance de la production mondiale, même si cela recouvre des situations très contrastées en fonction des couples produits/pays.

Les progressions à l’export concernent, pour l’essentiel, les produits chimiques de base (+ 1 % entre 2013 et 2014), les produits pharmaceutiques (+ 7 %), les équipements pour automobiles (+ 39 %).

Malgré la chute des exportations de vins, le secteur des boissons est en tête du palmarès 2014 des ventes de la région, devant la construction aéronautique et spatiale et les produits de la culture et de l’élevage.

Des importations globalement en retrait

Après un recul de près de 6 % en 2012 et un léger rebond en 2013, le chiffre des importations de l'Aquitaine se réduit à nouveau en 2014, de 3 %. La nette diminution des achats de produits pétroliers explique ce résultat : – 21 % par rapport à 2013, alors que ce poste représente 16 % du total des importations. En effet, de nombreux produits, et non des moindres, sont importés à la hausse : produits chimiques de base et produits azotés (+ 0,4 %), produits de la construction automobile (+ 8 %), produits de la construction aéronautique (+10 %), produits pharmaceutiques (+7 %).

Malgré l’évolution à la baisse, les produits pétroliers restent le premier produit importé. Suivent les produits chimiques de base et produits azotés, avec une part de 8,9 %, les produits de la construction automobile (7 %), les produits de la construction aéronautique et spatiale (6,6 %) et les produits de la culture et de l'élevage (4,2 %).

L’Espagne redevient le premier partenaire de l’Aquitaine à l’export

Le montant global des exportations de l’Aquitaine vers l’Espagne en 2014 se renforce par rapport à 2013 (+ 7 %), principalement grâce à une hausse sur les produits sidérurgiques de base, premier poste à l’export vers l’Espagne (+ 7 %), les papiers et cartons (+ 13 %) et les parties de véhicules, dont les ventes font plus que tripler (figure 4). A contrario, les ventes vers les États-Unis chutent de 14 % et celles vers le Royaume-Uni de 19 %.

Figure 4Exportations de l'Aquitaine en 2014, répartition par principaux pays

%
Exportations de l'Aquitaine en 2014, répartition par principaux pays (%)
Exportations
Espagne 15,8
États-Unis 15,3
Allemagne 11,2
Royaume-Uni 8,0
Italie 5,4
Belgique 4,7
Chine 3,6
Pays-Bas 3,3
Suisse 2,8
Hong Kong 2,0
Japon 1,7
Portugal 1,6
Canada 1,5
Pologne 1,3
Russie (Fédération de) 1,2
Autriche 1,0
Ukraine 0,8
Corée (République de) 0,8
Maroc 0,8
Suède 0,7
  • Source : Direction régionale des Douanes de Bordeaux

Figure 4Exportations de l'Aquitaine en 2014, répartition par principaux pays

  • Source : Direction régionale des Douanes de Bordeaux

L’Espagne reprend la première place au classement des pays clients de l’Aquitaine en 2014, avec une part proche de 16 % (figure 5). Elle y précède les États-Unis que suivent l’Allemagne, le Royaume-Uni et l’Italie, dans cet ordre. À l’importation, l’Espagne devance les États-Unis, l’Allemagne, la Chine, et l’Italie. Le Royaume-Uni, avec lesquels les échanges à l’import ont diminué de moitié, rétrograde à la dixième place du palmarès des pays fournisseurs.

Figure 5Importations de l'Aquitaine en 2014, répartition par principaux pays

%
Importations de l'Aquitaine en 2014, répartition par principaux pays (%)
Importations
Espagne 17,7
États-Unis 11,5
Allemagne 9,5
Chine 7,0
Italie 6,2
Russie (Fédération de) 5,1
Portugal 4,9
Pays-Bas 4,7
Belgique 4,2
Royaume-Uni 3,9
Suède 1,8
Canada 1,7
Japon 1,1
Irlande 0,9
Algérie 0,9
Inde 0,9
Pologne 0,9
Roumanie 0,8
Brésil 0,8
Turquie 0,8
  • Source : Direction régionale des Douanes de Bordeaux

Figure 5Importations de l'Aquitaine en 2014, répartition par principaux pays

  • Source : Direction régionale des Douanes de Bordeaux

À l’exportation, les cinq premiers pays clients reçoivent 55 % des flux de marchandises. À l’importation, les cinq têtes de liste en concentrent 52 %.

Définitions

Balance commerciale :

La balance commerciale est le compte qui retrace la valeur des biens exportés et la valeur des biens importés. Pour calculer la balance commerciale, la comptabilité nationale procède à l'évaluation des importations et des exportations de biens à partir des statistiques douanières de marchandises. Des correctifs sont apportés à celles-ci : d'une part, les échanges se rapportant à la récupération sont déduits des flux douaniers, d'autre part, on y ajoute ceux de matériel militaire ainsi que l'avitaillement des navires et des avions. Si la valeur des exportations dépasse celle des importations, on dit qu'il y a excédent commercial ou que la balance commerciale est excédentaire; si les importations sont supérieures aux exportations, le pays a un déficit commercial ou sa balance commerciale est déficitaire

Remarque :

En France la balance commerciale ne couvre que les biens. Les services sont pris en compte dans la balance des biens et des services contrairement à d'autres pays où la balance commerciale couvre les biens et les services.

Correction des variations saisonnières / CVS / Désaisonnalisation :

La correction des variations saisonnières permet d’éliminer l'effet de fluctuations périodiques infra-annuelles dues au calendrier et aux saisons, de manière à faire ressortir les évolutions les plus significatives de la série. Celles-ci sont contenues dans la tendance et la composante irrégulière.

Par exemple, les ventes de jouets augmentent toujours fortement entre novembre et décembre, en raison de Noël. Sur les données brutes, cet effet périodique masque l’évolution conjoncturelle sous-jacente pour une année donnée. Une fois la série désaisonnalisée, c’est-à-dire l’effet Noël retiré, les ventes peuvent s’avérer en baisse, signe d’une moins bonne année.

Exportations de biens et de services :

Les exportations de biens et de services sont des opérations (ventes, troc et dons) par lesquelles des résidents fournissent des biens et des services à des non-résidents.

Pour qu’il y ait exportations, il faut qu’il y ait changement de propriété entre résidents et non-résidents. Le déplacement physique de biens à travers les frontières nationales n’implique pas en soi l’importation ou l’exportation de ces biens.

Ainsi, par exemple les biens envoyés à l’étranger pour travail à façon ne sont plus comptés en exportations de biens, et la marchandise transformée n’est plus comptée comme une importation de biens. En revanche est comptabilisée une importation de service industriel par le pays du donneur d’ordre, d’un montant égal à la différence de valeur entre le produit fini et les intrants. Le solde total des échanges extérieurs n’est pas modifié.


Remarque :

Cette définition du Système Européen des Comptes nationaux et régionaux de 2010 (SEC 2010), basée sur le changement de propriété est cohérente avec la 6e édition du manuel de balance des paiements (BPM6).

Importations de biens et de services :

Les importations de biens et de services (P7) sont des opérations (achats, troc et dons) par lesquelles des non-résidents fournissent des biens et des services à des résidents.

Pour qu’il y ait importations, il faut qu’il y ait changement de propriété entre résidents et non-résidents. Le déplacement physique de biens à travers les frontières nationales n’implique pas en soi l’importation ou l’exportation de ces biens.

Ainsi, par exemple les biens envoyés à l’étranger pour travail à façon ne sont plus comptés en exportations de biens, et la marchandise transformée n’est plus comptée comme une importation de biens. En revanche est comptabilisée une importation de service industriel par le pays du donneur d’ordre, d’un montant égal à la différence de valeur entre le produit fini et les intrants. Le solde total des échanges extérieurs n’est pas modifié.

Remarque :

Cette définition du Système Européen des Comptes nationaux et régionaux de 2010 (SEC 2010), basée sur le changement de propriété, est cohérente avec la 6e édition du manuel de balance des paiements (BPM6).